Musiques Brutes #1

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Musiques concrètes / Acousmatiques / Electroacoustiques / Field recording / Phonographies /
Musique produite par des artistes brutes
Musique électronique pour synthétiseur soviétique A.N.S.

23, 24, 25 Avril 2011 14h30-17h

Halle Saint Pierre / Musée d’art brut
dans le cadre de l’expos : Sous le vent de l’art brut
2 rue Ronsard, 75018 Paris, M° Anvers, Abbesse, Barbés
01 42 58 72 89

Billet couplé : exposition + concert 10 €
Pass festival 3 jours + exposition 20 €
Attention, les concerts ont lieu en après-midi !


Samedi 23 avril
Jean Baptiste Favory « Des sphères » 50’
Alfred Schnittke « Stream » A.N.S. 6’
Coil (GB) « A.N.S. » 35’
Nadir : Cordier/Guionnet « Thalweg 1 » 17’ (Création)

Dimanche 24 avril
Jonathan Coleclough (GB) « Period » 50’
Evgeny Voronovsky/Cisfinitum (Ru) « Harbingers & Holodnaya » A.N.S. 7’
Les expériences musicales de Jean Dubuffet/Musique chauve (Réinterprétation live par J-L Guionnet, P Battus et L Pascal)

Lundi 25 avril
Evgeny Voronovsky/Cisfinitum (Ru) 3 Pièces électroniques A.N.S.
Corkscrew, Swimming ground, Bottomless, 17’
Alexandre Yterce « Commencements rythmes aux causes des terres » 10’
Gilles Aubry/Stéphane Montavon (Ch) « Les écoutis, le Caire » 29’ (Création)
Eric Cordier « 13 far east psychedelic songs » 32’ (Création)
Olivier Brisson « enregistrement cathartique d’un enfant suivi en institution » Version acousmatique 23’ + discussion

Diffusion acousmatique : Jean-Baptiste Favory, Eric Cordier & Alexandre Yterce

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Les expériences musicales de Jean Dubuffet/Musique chauve (Réinterprétation live par J-L Guionnet, P Battus et L Pascal)

Musiques Brutes ne pouvait commencer sans faire référence au père de l’art brut Jean Dubuffet qui fut également musicien. Et comme son oeuvre plastique, sa musique fait fi des conventions sociales. Musique radicale, elle emprunte un chemin parallèle au free-jazz en s’en démarquant profondément. Comment la décrire si ce n’est en accumulant les adjectifs, musique débridée, foutraque, bringuebalée, dégingandée, subversive, inclassable et surtout qui ne ressemble à rien d’autre qu’à sa propre subjectivité.
Sachant qu’au sein du groupe Phéromone Jean-Luc Guionnet et Pascal Battus avaient bien des fois flirtés avec le style chauve, j’ai pensé qu’ils pouvaient être les interprètes idéals des « expériences musicales » . Laurent Pascal s’est imposé comme l’autre musicien qui me paraissait pouvoir être proche de cette œuvre. Alors ces trois improvisateurs ne vont pas rejouer des morceaux de Dubuffet, mais par contre ils vont faire revivre l’esprit de Bubuffet en live.
J-L Guionnet, P Battus, L Pascal : Orgue Bontempi, guitare préparée, piano jouet, violon, chiftelia mais aussi : cuillères, fourchettes, baguettes chinoises, rasoirs et toutes sortes d’ustensiles incongrus.

Olivier Brisson « enregistrement cathartique d’un enfant suivi en institution » 23’

Ici nous irons explorer l’art brut du côté thérapeutique. L’enregistrement est né de la rencontre d’un enfant qui un jour lâche le mot « ska » devant Olivier qui bien que membre de l’équipe soignante est par ailleurs musicien. Olivier va alors fournir un magnétophone-cassette avec un morceaux de ska, ou plutôt de dub et puis tout le reste se fait un peu comme dans ce roman de Philip K Dick « Glissement de temps sur Mars » où il est question d’enregistreur, de codage, de mémoire, de pouvoir, de troubles psychiques, de manipulation… Vous verrez à l’écoute de cet enregistrement brut, vous ne comprendrez plus si vous écoutez un enfant hurler ou une pièce électroacoustique, si c’est l’enfant qui manipule la bande ou le magnéto qui manipule le cerveau de l’enfant le faisant retourner à la « normalité » : la trace matérielle d’une fiction qui est devenue réalité.

Jean Baptiste Favory « Des sphères » 50’ (2006)
Jonathan Coleclough (GB) « Period » 50’ (2001)

L’une des caractéristiques du festival sera de présenter des pièces longues. Si le festival a la chance de se voir renouvelé, nous espérons pouvoir diffuser des pièces encore plus longues de 1h à 2h celles justement qui sont habituellement refusées par tous les festivals, chaque vendredi des prochaines éditions. Pour la première édition, nous ferons appel à 2 pièces qui ne font que cinquante minutes.
En général les pièces longues ne sont pas virtuoses et se déploient avec lenteur, en agençant un nombre assez limité d’événements et emporte l’auditeur dans une attitude toute différente des écoutes de courte durée. La forme musicale liée à des phénomènes psycho-acoustiques conduit souvent l’auditeur à entrer dans une rêverie, l’entraînant dans une modification de la perception du temps l’auditeur plonger dans la torpeur ou une certaine félicité…
La pièce de J-B Favory use de matériaux de synthèse qui sont brassés suivant un mouvement perpétuel, ni répétitif, ni jamais très différent à l’image de la rotation des planètes autour du soleil.
Pour Jonathan Coleclough disons que nous allons tout simplement présenter son chef d’œuvre. Sur le papier la pièce est d’une simplicité absolue un piano et de la réverbération. Simplicité en apparence car si l’on entend bien uniquement ces deux éléments, la musique qui en découle génère un abîme d’interrogation et de beauté.

Alexandre Yterce « Commencements rythmes aux causes des terres » 10’ (1999).

Si le compositeur fait ici référence à Héraclite, c’est pour mieux décliner les quatre éléments dans un élan musical qui tours à tours nous joue l’attente, la tension puis le déferlement. Une musique électroacoustique atypique et d’une puissance inégalée.

Nadir « Thalweg 1 » 17’ (1993)

Jean Luc Guionnet et Eric Cordier, du temps de leur collaboration électroacoustique, nous livrent une composition à base de field recording mais sans drone et sans réverbération loin du genre complaisant que l’on connaît. Si toute la pièce obéit à une unité de lieu : le port de Dieppe, il ne s’agit pas d’un paysage, mais d’une pièce fortement articulée, à tel point qu’elle connaît une seconde version totalement vidée de sa substance et dont seul subsiste la forme (Thalweg 2).

Eric Cordier « 13 far east psychedelic songs » 32’ (Création)

Cette fresque dont nous n’entendrons que les « chants 7, 8, 9 & 13 » est basée essentiellement sur le recyclage de vinyles japonais des années 60, poussant à l’extrême ce qu’avait initié le psychédélisme. Cependant, elle fait se télescoper 2 univers : celui joyeux, débridé et parfois suranné du psychédélisme avec ici les lamentations des chrétiens persécutés et celles de la fête annuelle des morts qui se termine par une hécatombe de centaines de bateaux chaque année début août dans le port de Nagasaki. Une commémoration qui prend une toute autre dimension à la lueur des événements actuels.

Gilles Aubry/Stéphane Montavon (Ch) « Les écoutis, le Caire » 29’ (Création)

Après avoir ausculté les arrières cours de Berlin, nos compères se sont attelés à l’exploration de la ville du Caire, pas de front pour nous en asséner son vacarme, mais d’une façon similaire à Berlin : en nous faisant ouïre la ville au filtre de son architecture.

Alfred Schnittke « Stream » (1971)
Coil : Balance/Christopherson/… « A.N.S. » (2003)
Cisfinitum : Evgeny Voronovsky extraits de l’album « Bezdna » (2003-2005)

La thématique autour du Synthétiseur A. N. S., n’était pas prévue au départ en tant que telle et ne devrait pas être renouvelée ultérieurement. Cependant dans les discussions de préparation du festival entre Thomas Tilly, Eric Cordier et Jean-Baptiste Favory, elle s’est dégagée de nos envies. Elle rencontre aussi une certaine actualité, celle de la sortie d’un album de Cisfinitum sur un label français Fario : « [ANS]werk », splitt album avec the [law-rah] collective.

En effet, ce synthétiseur mythique de la technologie russe qui colore les films de Tarkovski, possède un mode de fonctionnement très particuliers, analogue à l’UPIC de Xenakis. C’est à partir de schémas graphiques que timbres et morphologies sont générés par l’appareil.
Nous avons été intéressé de montrer comment il traverse les courants et comment outre la musique de film, il a été utilisé dans la musique contemporaine par Schnittke, mais aussi par les maîtres de la musique expérimentale, les anglais de Coil tout autant que la jeune génération avec Evgeny Voronovsky : « They [Cisfinitum & The [Law-Rah] Collective] dedicated this split and common work to one of the very first synthesizers in the world, the ANS. The ANS, created by Russian engineer E. Murzin from 1937 to 1957, is an incredible response to the synesthesia theories (the letters ANS stand for Alexander Nikolayevich Scriabin who linked tones to colours). The ANS synthesizer (only one copy exists and is kept in Moscow) generates special frequencies from drawings (“it plays what you have drawn”) and in the opposite it can also create a visible image of a sound frequency. Artists such as Coil, Edward Artemiev (for Tarkovsky’s Solaris soundtrack) and Alfred Schnittke used the ANS in their compositions. For this album, The [Law-Rah] Collective and Cisfinitum based their music on original sounds from the ANS as well as additional recordings of various analog synths, fractal and granular synthesis, voice, violin, field recordings.They give birth to an intense cold and grey music upon which fly ghosts of melodies, archaic or yet to come… » Denis Boyer / Fario.